La pauvreté gagne silencieusement du terrain

Fin mars, l’observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale remettait à la Ministre des solidarités et de la cohésion sociale un rapport accablant sur la montée de la pauvreté en France.

Dans un article paru dans le journal le Monde en date du 10 avril 2012, une présentation des chiffres révélés par ce rapport met en avant la contradiction de la dure réalité des chiffres face aux promesses et aux actes du Président candidat, Nicolas Sarkozy lors de son mandat.

Si l’on zoom sur la situation de la pauvreté à La Réunion, alors ces données sont proportionnellement effroyablement plus criantes dans un département où plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et où le chômage gagne chaque jour davantage de terrain pour dépasser la barre insupportable des 30%.

 Le combat contre l’urgence sociale à La Réunion: pour en faire une priorité nationale

Au niveau local, nous avons fait valoir la prise en compte de l’urgence sociale comme une priorité nationale pour que tous les acteurs concernés se mobilisent face à ce phénomène qui gangrène la cohésion sociale à La Réunion. Nous avons mis en avant le combat à mener pour plus de justice sociale dans le projet que nous défendons pour La Réunion et que nous porterons de façon intransigeante au sein de l’Assemblée Nationale.

Les rendez vous électoraux sont une occasion d’expression pour ceux qui sont frappés par la détresse sociale au quotidien.

 

Article du journal le Monde en date du 10 avril 2012

Pourquoi la pauvreté n’est pas un thème de la campagne

 On ne les entend pas, on n’en parle pas ; ce sont les grands absents de cette campagne électorale. Et pourtant ! On pourrait reprendre, au mot près, la vigoureuse interpellation de Victor Hugo à l’Assemblée nationale, le 9 juillet 1849 :  » La misère, Messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Age, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons. Voulez-vous des faits ? « 

En voici. En 2010 (derniers chiffres connus), 8 ,2 millions personnes vivaient en France en dessous du seuil de pauvreté – qui est fixé à 60 % du revenu médian, soit 954 euros (données de l’Insee, 2009). Parmi elles, figuraient 2, 153 millions d’ enfants de moins de 16 ans, soit un enfant sur cinq.

La pauvreté devait baisser – Nicolas Sarkozy s’y était solennellement engagé – d’un tiers au cours de ce quinquennat. Or, il y avait, en 2010, 330 000 pauvres de plus qu’en 2007. Le nombre d’enfants pauvres de moins de 6 ans a augmenté d’un tiers, et frôle le million.

Le rapport que vient de publier l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) est accablant. Entre 2002 et 2009, l’intensité de la pauvreté, qui mesure l’écart relatif du revenu médian des pauvres par rapport au seuil de pauvreté, est passé de 16 % à 19 %, tandis que la proportion de personnes en situation de pauvreté extrême (moins de 40 % du revenu médian) a augmenté de 43 %, passant de 2,3 % à 3,3 %.

Comment expliquer que ces questions soient absentes du débat électoral ? Est-ce que l’aggravation de la pauvreté, mesurée par les statistiques, serait imperceptible pour les citoyens ? Non. Selon l’Eurobaromètre  » Pauvreté et exclusion sociale  » (décembre 2010), 93 % des Français estiment que la pauvreté a augmenté entre 2007 et 2010. On ne peut pas davantage dire qu’ils s’en désintéressent : 91 % d’entre eux estiment qu’il s’agit d’un problème qui requiert une action urgente du gouvernement. Il est vrai que leur confiance dans l’action gouvernementale contre la pauvreté a fortement chuté, passant de 35 % en 2009 à 23 % en 2010.

Et c’est peut-être là qu’est l’explication. Il se pourrait que, les citoyens n’attendant plus rien d’eux en ce domaine, les candidats aient renoncé à combattre la pauvreté. Il se peut, aussi, qu’ils manquent d’imagination. Auquel cas ils pourront lire avec profit les dernières recommandations du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE), organisme dirigé par Etienne Pinte, député UMP de Versailles : revalorisation de 25 % du revenu de solidarité active (RSA) socle (qui devra être indexé sur les revenus d’activité, et non plus sur les prix), abrogation des restrictions concernant l’aide médicale d’Etat contenues dans la loi de finances 2011, revalorisation du seuil d’accès à la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) à hauteur de 60 % du revenu médian.

 » Détruire la misère, oui, cela est possible ; les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse, car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.  » Victor Hugo, encore.

Thibault Gajdos , CNRS