Pierre Vergès se livre sur l’esprit de la campagne qu’il souhaite mener sur St Denis. L’urgence de la situation commande respect pour les électeurs qui seront appelés à se prononcer et la conscience de ne pas proférer des promesses gratuites non tenues pour la plupart.
Respect des citoyens, respect de la parole donnée.
Il nous donne donc ici sa vision des conditions dans lesquelles il entend faire grandir la mobilisation autour de sa candidature et ainsi renforcer l’ancrage du PCR dans le chef lieu. De rencontres en rencontres, il est clair que cette réimplantation à St Denis était attendue et qu’elle constitue une réelle alternative car Pierre Vergès a fait la démonstration qu’il est un homme d’expérience et qu’il a vrai projet à présenter pour St Denis et La Réunion. Il n’est ni député sortant, ni président du Conseil Général, ni issu de la municipalité actuelle.
MON ENGAGEMENT DE CAMPAGNE
Vous avez placé votre campagne sous le signe du changement. Cela veut dire que vous n’allez pas faire une campagne comme on en a l’habitude ?
Parfois, il faut changer les habitudes.
Je veux aller à la rencontre des Dionysiennes et des Dionysiens, notamment par le biais de contacts individuels, et de petites réunions.
Nous envisageons, mes camarades et moi, de faire des courtes prises de parole dans les quartiers, et quelques grandes réunions
Je voulais vous parler des promesses, compte tenu des attentes fortes de personnes en détresse ?
Soyons clairs : j’ai, à de nombreuses reprises, entendu des gens, hommes et femmes, citer Laurent en exemple.
Je veux parler de Laurent Vergès. Et ces personnes rajoutaient que Laurent aurait conquis très vite la mairie de Saint-André.
Or, il se trouve, et je suis bien placé pour le savoir, que Laurent ne faisait aucune promesse, ni directement, ni par personne interposée !
La seule promesse que Laurent faisait, c’est d’être le plus juste possible avec l’ensemble de la population, surtout la plus démunie, en n’oubliant pas celles et ceux qui se sont battus pour changer avec lui.
C’est cet état d’esprit qui m’anime, qui nous anime, mes camarades et moi, puisqu’il s’agit d’une démarche partagée.
Même pas de promesses de « petits contrats » ?
Non, bien sûr !
1°- Je n’en ai pas le pouvoir ! Ce pouvoir appartient au maires et présidents de collectivités, département et région.
2°- Je ne le souhaite pas. Et je vous fais une confidence : mon souhait le plus ardent est que les responsables de collectivités soient dans l’obligation de justifier les choix de recrutements auprès de conseils de quartiers, où jeunes et moins jeunes seraient représentés.
Je ne doute pas que ces derniers n’auraient aucunement envie d’être sous la coupe de la majorité municipale de la ville concernée, ET aussi de l’opposition.
Ces deux affirmations proclamées, je dois dénoncer celles et ceux qui se prêtent à ce jeu de promesse, et font croire que c’est un cadeau qui est alors fait.
Cela s’appelle acheter des voix, c’est du populisme, c’est prendre les citoyens pour des imbéciles.
Jamais, je dis bien jamais, je ne promettrai la moindre embauche en échange d’un vote en ma faveur.
Et je mets en garde celle ou celui qui colportera que j’ai fait la moindre promesse d’embauche.
Je l’invite à se méfier de tels ragots, ou encore de se garder de toute illusion, en se référant à ce que je dis ici, reproduit également par écrit sur ce site saintdenis.pierreverges.fr
Préconisez-vous une charte destinée à lutter contre les pratiques malsaines et frauduleuses ?
Il ne faut pas avoir une conception négative de la politique.
Faire de la politique, c’est être citoyen.
Être citoyen, ce n’est pas reconnu par un quelconque diplôme ou un examen.
C’est un parcours que l’on se construit tout au long de sa vie.
Certes, il y a eu des pratiques malsaines.
Et des femmes et des hommes ont payé un lourd tribut, parfois de leur vie (Eliard Laude, Rico Carpaye, pour ne citer que ces deux jeunes) pour que la parole citoyenne s’exprime.
Toutes les paroles ont le même poids, il n’y a pas une parole plus forte qu’une autre.
À condition que ces paroles n’incitent pas à la haine et à la violence.
C’est une question d’égalité. C’est le slogan de Laurent : nou lé pa plis nou lé pa mwin, respekt anou
Allez-vous faire comme certains qui s’exposent aux critiques en distribuant des repas faits avec du lapin congelé ?
D’abord, il ne s’agit pas de repas distribués, mais de lapin congelé distribué. Ensuite, il s’agit d’accusations. Ces faits sont-ils avérés, je n’en sais rien.
Mais en ce qui me concerne, je ne vais pas commencer à distribuer des repas alors que je refuse de distribuer des promesses d’emploi. Et encore moins de l’argent, cela va de soi !
Par contre, rien n’interdit, et au contraire cela est légitime, de partager un repas avec les militants qui sont sur le terrain avec moi, pas derrière moi, non, AVEC MOI !
Je suis dans l’obligation de préciser que lors de ces repas, AUCUNE GOUTTE D’ALCOOL, je dis bien AUCUNE GOUTTE d’alcool, ne sera offerte.
Ce n’est pas une question d’intégrisme. C’est simplement le respect de la parole donnée, résultant d’une décision partagée par la section.
En dehors de l’environnement militant, chacun fait ce qu’il veut. Pourvu, c’est simplement un souhait, que ce ne soit pas avec excès.
Croyez-vous qu’une campagne « propre » participera à la reconstruction de la confiance entre citoyens et candidats ?
Aujourd’hui, il y a une crise de confiance des citoyens. Elle est en grande partie due à la crise très dure qui les frappe.
Est-ce à l’encontre des candidats ? Bien sûr, c’est le « tous pourris » qui fleurit régulièrement sur les blogs déversoirs.
Est-ce à l’encontre de certaines personnes ? Là aussi, la réponse est oui.
J’en sais quelque chose, je suis régulièrement critiqué et insulté.
Dire que cela ne me touche pas, c’est faux.
Néanmoins, c’est ce qui me motive et qui m’incite tous les jours à me remettre en question, et à me poser les vraies questions.
Et quelles sont ces vraies questions ?
Il y a un manque de confiance, une méfiance ou une défiance des citoyens vis à vis des politiques. C’est vrai.
Mais il y a aussi une méfiance vis à vis de la politique, avec un P majuscule.
Autrement dit, une méfiance dans la capacité de réponse du système, quels que soient les hommes – et bien sûr les femmes -, qui le représentent.
La situation dans laquelle se trouve La Réunion est caractérisée par un malaise social, une grande souffrance.
Cette situation est aggravée par un mal être parce que la solidarité qui s’est toujours exprimée dans les moments difficiles, semble faire défaut aujourd’hui pour une grande partie de la population.
Je ne vous apprends rien. Parmi ces problèmes, il y a le chômage.
La vraie question est de savoir comment on peut recréer le lien, la confiance entre les citoyens et les politiques ?
Croyez-vous que donner un petit contrat va permettre de restaurer cette confiance ?
Bien sûr que non, c’est même tout le contraire !
La 1ère chose à faire est de les écouter !
La 2ème chose à faire est de les entendre !
La 3ème chose à faire est de reconstruire un projet pour un destin commun AVEC EUX !
La 4ème chose à faire est d’agir AVEC EUX !
Mais face à une demande urgente, quelle sera votre réponse, pas en tant qu’élu mais en tant que candidat ?
C’est à partir d’un contrat de confiance que l’on pourra changer les choses.
Cela ne veut pas dire que je ne suis pas conscient des préoccupations des femmes, des jeunes, des personnes âgées, de celles et ceux qui entreprennent, qui agissent tant bien que mal.
C’est seulement que si l’on continue dans cette spirale, le fossé entre élu et population va encore plus se creuser.
Dans cette situation, c’est difficile de construire l’avenir !
Quant à l’urgence, elle est là ! C’est bien parce qu’il y a urgence à trouver ensemble une solution que je voulais, au département, que l’on organise des Etats généraux de l’urgence sociale.
Pour que les citoyens et les élus s’écoutent et s’entendent et trouvent une solution partagée !
Mais là aussi, vous faites aussi des promesses !
Non, justement, mais je prends un engagement.
Je ne fais pas de promesses que je ne pourrais pas tenir.
C’est bien là un point sur lequel jamais je ne transigerai.
Je ne vends rien, je ne donne rien, je crée les conditions pour que, tous ensemble, on construise un autre monde.
Ce n’est pas prétentieux : de plus en plus de gens pensent qu’un autre monde est possible, où les valeurs d’égalité, de fraternité, de solidarité reprennent des couleurs.
Mais comme je suis profondément optimiste, je me dis aussi que si elle n’est pas porteuse d’espoir et d’espérance, et même de rêve ou d’utopie, la politique se déprécie.
Là, vous êtes très loin des préoccupations des citoyens !
La prise en compte des préoccupations quotidiennes des citoyens n’est pas incompatible avec l’envie de voir une société juste, équitable, fraternelle, solidaire et respectueuse !
Croyez-vous que cela soit respectueux et fraternel pour la population que de lui mentir, en lui faisant croire que 5 millions vont suffire à résoudre, une fois pour toute, la question du pouvoir d’achat ?
Pensez-vous réellement que c’est faire preuve de respect envers votre interlocuteur que de donner un ti 4 sous, une feuille tôle, un bon alimentaire ?
Ou de donner des subventions à une association pour que ces membres votent pour vous, du fait qu’ils ont un contrat, une promotion à un de vos employés, parfois en insistant sur la relation de cause à effet que vous souhaitez, des fois qu’ils n’auraient pas compris ?
Mais c’est quoi pour vous, une campagne ?
L’occasion de défendre des convictions, de comprendre celles des autres.
L’occasion de rechercher la voie de la rencontre entre tous les Réunionnais pour le bien de La Réunion.
C’est ça, pour moi, faire de la politique.
C’est ça, militer, faire une campagne sur le terrain.
Tout cela avec pour toile de fond l’identité réunionnaise.
Je ne vais pas m’étendre sur ce point aujourd’hui, mais je voudrais seulement dire que l’on ne peut pas faire une campagne, qu’on ne peut pas faire de la politique, si l’on ne considère pas les citoyens comme des gens capables de comprendre.
De comprendre qu’on ne réglera rien par l’achat de voix, quel que soit le moyen.
Les Réunionnaises et les Réunionnais sont capables de comprendre que la solution, pour eux, comme pour leurs enfants, n’est pas tirée d’un quelconque chapeau de magicien.
Les Réunionnaises et les Réunionnais sont capables de comprendre que les solutions doivent être étudiées, analysées.
Non, je ne suis pas utopiste, seulement réaliste.
Car pour que les relations entre citoyens et élus changent, il faut que les deux changent.
Les premiers, les citoyens, ont droit à la vérité, à la présentation des enjeux. Ce n’est pas du pipeau, c’est seulement indispensable.
Pour comprendre pourquoi ça ne réussit pas, il faut comprendre comment ça fonctionne et pourquoi ça bloque, comprendre les rapports de force.
Les seconds, les politiques, doivent donner à leurs discours et à leurs propositions le sérieux qu’il convient.
Ça suffit, les petites phrases que l’on retient, en oubliant tout le reste, les propositions, le projet et c’est ce qui est le plus important.
Il y a une qualité du discours à avoir, sur le fond comme sur la forme.
Voilà comment je vois ma campagne.